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ACCORE1, subst.

ACCORE1, subst.
Pièce de bois servant à caler un objet, spécialement un navire :
« Les accores prennent le nom de la partie de la charpente à laquelle elles sont appliquées; telles sont les accores du fond, les accores intermédiaires, celles de l'étrave, de l'étambot, etc. » Gruss1952, p. 3.
Noter aussi l'expr. accores de bouchains : ,,Courtes pièces de bois, placées en guise de supports sous le petit fond d'un navire en cale sèche.`` (Gruss 1952, p. 3).
Rem. Accore1est masc. ds Ac. 1932, Rob., Lar. encyclop.; fém. ds Jal 1848, Gruss 1952, Lar. 3; ds la docum., tant lexicogr. que littér., l'emploi du genre masc. et celui du genre fém. s'équilibrent.

ACCORE2, adj. et subst.

ACCORE2, adj. et subst.
MAR., GÉOGR.
A.− Emploi adj. [En parlant d'une côte, d'un littoral] Qui présente une brusque dénivellation au-dessus et au-dessous des eaux :
1. Accore ou Écore, adj. Ce mot est particulièrement usité pour parler d'une côte élevée, et coupée presque verticalement à la surface de la mer; ce qui la rend d'un accès difficile; à une petite distance d'une telle côte, il y a grand fond. Il est en marine à peu près synonyme d'escarpé. Une terre, une côte, un banc, sont accores; les bords d'un écueil sous l'eau soit banc, rocher, etc., sont leurs accores. Will.1831, p. 6.
2. Les naufragés revinrent alors, en suivant le revers opposé du promontoire, sur un sol également sablonneux et rocailleux. Toutefois, Pencroff observa que le littoral était plus accore, que le terrain montait, et il supposa qu'il devait rejoindre, par une rampe assez allongée, une haute côte dont le massif se profilait confusément dans l'ombre. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 20.
3. « ... Plus haute, chaque nuit, cette clameur muette sur mon seuil, plus haute, chaque nuit, cette levée de siècles sous l'écaille, Et, sur toutes grèves de ce monde, un ïambe plus farouche à nourrir de mon être! ... tant de hauteur n'épuisera la rive accore de ton seuil, ô Saisisseur de glaives à l'aurore, ... Saint-John-Perse, Exil,1942, p. 212.
4. Le Farghestan avait dressé devant moi des brisants de rêve, l'au-delà fabuleux d'une mer interdite; il était maintenant une frange accore de côte rocheuse, à deux journées de mer d'Orsenna. J. Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 217.
5. Côtes plates, côtes accores, 326. Le fond sous-marin (sous-lacustre) présente rarement, sinon jamais, une pente originelle correspondant au profil d'équilibre des vagues qui le balaient. Si cette pente est trop faible, la côte est plate / flat / flach; si elle est trop forte, la côte est abrupte, accore / steep to / steil. Cette distinction, qui se rapporte au fond, ne se confond pas avec celle entre côte élevée / high, bold / hoch, et côte basse / low / niedrig, qui concerne la côte au sens restreint. Baulig1956.
Rem. L'adj. accore se rencontre associé avec des termes exprimant : la localisation gén. mar. (submergé − banc, berge, côte, courant, eau, frange, grève, île, îlot, lac, lagune, large, littoral, mer, océan, rivage, rive), la matière (rocailleux, rocheux, sablonneux − lave, roc, rocher, sable, sol, terrain, terre), la nature aride (abandonné, dénudé, fertile, sauvage − aridité), la dénivellation, la pente verticale (chute, courtine, décharge, déversoir, falaise, muraille, plateau, rampe), la profondeur, la hauteur (dressé, haut, profond − abîme, hauteur, haut-fond, levée − monter), la découpure (aigu, échancré − baie, brisant, cap, détroit, fiord, flèche, pertuis, pointe, promontoire, récif), l'accès difficile (dangereux d'accoster, infranchissable, pas propice à un débarquement, praticable − atterrage − craindre de s'échouer, donner accès, prendre pied), la valeur dram. du cont. (ex. 2, 3, 4).
B.− Emploi subst. Bord escarpé d'une roche, d'un banc, plus ou moins immergés et représentant un danger pour la navigation :
6. Acore d'un banc, s.f. (et même de tout écueil) en parlant du bord, de ses bords, de l'endroit où il s'élève. On dit aux acores, sur les acores du banc des Aiguilles, du banc de Terre-Neuve, etc., nous avons trouvé la mer grosse. Will.1831, p. 8.
7. Vous ne pourriez pas conduire le Macquarie à Auckland? − Sans la carte de cette partie de la côte, c'est impossible. Les accores en sont extrêmement dangereux. C'est une suite de petits fiords irréguliers et capricieux comme les fiords de Norvège. Les récifs sont nombreux et il faut une grande pratique pour les éviter. Un navire, quelque solide qu'il fût, serait perdu, si sa quille heurtait l'un de ces rocs immergés à quelques pieds sous l'eau. J. Verne, Les Enfants du Capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 26.
Rem. 1. Accore2subst. se trouve associé avec des termes exprimant : la situation mar. (banc, côte, eau, embarcation, fiord, haut-fond, île, lame, marée, navire, récif, rivage, roc, sable, terre), la dénivellation abrupte (brusque), la difficulté d'accès, d'où la nuance gén. défavorable (dangereux − praticable). 2. Accore2subst est masc. ds Ac. Compl. 1842, Littré, DG, Rob. et Jules Verne (ex. 7); fém. ds Will. 1831 (ex. 6).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [akɔ:ʀ]. 2. Homon. : cf. accord. 3. Hist. − Ce n'est qu'à la fin du xviiies. que la forme accore élimine définitivement les var. escore et écore (cf. étymol.). Ac. enregistre le mot en 1832. − Rem. Ac. Compl. 1842 s.v. accore donne encore pour l'emploi adj. de ce mot les formes accore ou écore.
Étymol. ET HIST. I.− « étai ». 1. Forme escore, 1382 « pièce de bois servant d'étai à un navire » mar. (Compte des galées de Rouen au XIVes., éd. Bréard, 67 ds Delboulle, Notes lexic. ds R. Hist. litt. Fr., I, 185 : pieces de bois a fere escores, à escorer ladite barge); devenu terme techn. gén. « étai » en 1593 (1610) (de Lurbe, Statuts de Bordeaux, éd. 1610, ibid. : mettre escorres pour escorrer maisons); 1678 forme écore « étai d'un navire » (Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, III : écore); 2. forme accore, 1671 « étai d'un navire » mar. (Seignelay, Mémoires ds Colbert, Lettres et instructions, éd. Clément, III, v. 2, 308 ds Arv. 1963 ds Fr. mod., XXV, 305 : ils ont osté les accores). Empr. au m. néerl. schore « étai », terme mar. (Verdam 1964) [cf. néerl. mod. schoor « étai d'un navire », m. angl. schore, angl. mod. shore « id. » (NED), a. nord. skorða « étai » (de Vries 1962), norv. mod. skorda « id. », m. b. all. schore « id. »,]. Cheminement par les côtes de la Manche et de l'Atlantique. Passage es- > ac- prob. sous influence de verbes reposant sur préf. ad- (p. ex. accoter*). Hyp. angl. (H. Saggau, Die Benennungen der Schiffsteile und Schiffsgeräte im Neufranzösischen, Kiel, 1905, p. 20; Bonn. 1920, 1, 52; Mack. t. 1 1939, p. 166; DG) à écarter pour mêmes raisons que pour accore 2; la perman. du liégeois hore (Huy, Namur chore) « grosse perche ferrée dont le batelier se sert pour prendre le large » (Haust 1933, s.v.) rend hyp. du néerl. préférable à celle de l'a. nord. (Falk, Altnord. Seewesen, p. 31; Vidos Tecn. 1965, p. 36; Baist, Seemannsw., p. 258; Valkh. 1931, p. 41). II.− « rivage escarpé ». 1. Forme escore, écore, 1606 « côte escarpée », mar. (Nicot s.v. : escore f. C'est ce que le Languedoc dit « rive taillade » et le Normand « la coste en pic ou à pic »); 1683 « id. » (Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, III : écore); 2. forme accore, 1753 « contour d'un écueil, d'un ban » mar. (Chabert, Voy. dans l'Amer. sept., 38 ds Bonn. 1920 s.v. : les acores de ces bancs sont presque droites). Empr. au m. néerl. schore « rivage escarpé » terme de mar. (Verdam) [cf. m. angl. schore, angl. mod. shore « rivage » (NED), a. h. all. scorro « rocher » (Graff. t. 6 1834-46, p. 539), m. h. all. schor, schorre « haute rive rocheuse » (Lexer), m. b. all. schore « entaille » − i.e. (s)ker- « couper » (Pokorny, 938-9)]. Cheminement probable par côtes de Manche. Traitement initiale es- > é- indiquerait mot ant. à 1reattest. Passage es- é- > ac- p. anal. avec escore « étai de navire » > accore 1. Hyp. angl. (DG, Bonn. 1920, 1, 52) improbable du point de vue phonét., m. angl. schore déjà prononcé shore au xves.; hyp. a. h. all. (Diez5) improbable pour l'orig. d'un terme de mar. − Valkh. 1931, p. 41; Baist, Seemannsw., p. 258. III.− Adj. 1. Forme accore, 1544 « abrupt, escarpé (d'un rivage) » terme de mar. (J. Cartier, Volage ds Michelant et Ramé, Relat. orig. de J. Cartier au Canada en 1534, 17 cité par Arveiller ds Fr. mod., XXV, 305 : trois isles dont y en avoit deux petittes et acorez comme murailles); 2. forme escore, écore a) 1606 « qui baigne une côte abrupte (en parlant de la mer), d'où profonde (de la mer) » (Nicot s.v. : la mer est escore en telle coste); b) 1755 « abrupt (d'une côte) » (Encyclop. t. 1, s.v. : auprès des côtes écores et élevées, on trouve... beaucoup de fond). Empr. au néerl. schor « escarpé » terme de mar. [cf. m. angl. shore « abrupt » terme de mar. (NED), fris. de l'ouest skor, fris. du nord schōr, skor « escarpé »; cf. aussi sup. II m. néerl. shore « escarpement d'un écueil »]. Forme accore dès 1544 témoigne d'un empr. antérieur à cette 1reattest. et exclut hyp. de la dér. de cet adj. du subst. accore II, Bl.-W.4. Forme escore d'abord attestée dans un dict. est en réalité certainement ant. à accore; passage es- > ac- est, malgré l'écart chronol. peut-être dû à l'influence de accore subst. I (1671, transformation de escore).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 15.
BBG. − Bar 1960. − Barb.-Card. 1963. − Barber. 1969. − Baulig 1965. − Bél. 1957. − Bouillet 1859. − Dainv. 1964, p. 118. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Mots rares 1965. − Soé-Dup. 1906. − Timm. 1892. − Valkh. 1931, p. 41. − Vidos Tecn. 1965, p. 36. − Will. 1831.

ACCORER, verbe trans.

ACCORER, verbe trans.
MARINE
A.− Emploi trans.
1. [L'obj. désigne un navire] Maintenir un navire en équilibre sur sa quille par des accores placées, sous les flancs, l'étrave et derrière l'étambot. Navire accoré (Littré).
2. P. ext. [L'obj. désigne un obj. placé sur un navire] Caler, immobiliser de quelque façon, un objet dont on veut éviter le déplacement au roulis (Jal 1970) :
1. Accorer un tonneau, une malle, etc., c'est assujettir un tonneau, une malle ou autre chose dans sa place, en y mettant des liens, ou des morceaux ou coins de bois pour remplir les vides et pour empêcher l'objet de vaciller et de se mouvoir, soit dans les chambres des vaisseaux, soit dans la cale. On accore les pieds des tables pour qu'elles n'aillent pas au roulis, etc. Besch.1845.
B.− Emploi pronom.
1. [En parlant d'un navire] S'immobiliser sur sa quille :
2. À trois heures du matin la marée reste à peine un instant pleine, le jusant reverse aussitôt au S. E. avec grande force, et la corvette, s'accorant de nouveau cesse de s'agiter sur le récif. Dumont d'Urville, Voyage au pôle sud et dans l'Océanie,t. 9,1842, pp. 337-338.
2. P. anal. [En parlant d'un matelot] Se fixer en une position stable, comme si l'on était étayé ou soutenu d'accores :
3. Nos matelots ne peuvent se tenir dans le gréement qui est hérissé de glaçons tranchants. Ce n'est qu'avec la plus grande peine qu'ils peuvent s'accorer sur le pont. Dumont d'Urville, Voyage au pôle sud et dans l'Océanie,t. 8,1842p. 351.
Prononc. − 1. Forme phon. : [akɔ ʀe] (cf. Harrap's 1963). 2. Dér. et composés : accorage, accore.
Étymol. ET HIST. − 1382 forme escorer « soutenir avec des accores » (Compte du clos des Galées de Rouen, 67, éd. Bréard, ds R. Hist. litt. Fr., I, 184 : Pour demy cent de piece de bois a fere escores a escorer la dite barge); 1687 forme accorer (Deroches, Dict. des termes propres de Mar., s.v. : c'est-à-dire appuyer ou soûtenir quelque chose). Dér. de accore* « étai »; dés. -er*.
BBG. − Bar 1960. − Barb.-Card. 1963. − Bénac 1956. − Chesn. 1857 (s.v. accorage).Gruss 1952. − Jal 1848. − Soé-Dup. 1906. − Will. 1831.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·