α) Au sing. Lieu où se déroulent des opérations militaires. Synon. champ de bataille (v. champ1).Deux généraux qui, la veille d'une bataille, évaluent toutes les chances, examinent le terrain (Balzac, Honorine, 1843, p. 372).Compte tenu de l'inexpérience d'une grande partie des troupes anglo-saxonnes et de l'avantage que donnera à l'ennemi l'organisation préalable du terrain, il faudra disposer, au départ, d'au moins 50 divisions (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 8).SYNT. Attaquer en terrain libre; traverser n mètres de terrain découvert; opérer sur un terrain difficile; organiser le terrain occupé; aménager le terrain en vue de la défense; déplacer le terrain d'attaque; avoir l'avantage du terrain; abandonner le terrain; céder, perdre du terrain; reperdre le terrain conquis/gagné; s'accrocher au terrain; ne pas céder un pouce de terrain; défendre le terrain pied à pied; conquérir, reconquérir, tenir le terrain; gagner du terrain; regagner le terrain perdu; occuper le terrain; le feu balaye le terrain; une mitrailleuse bat le terrain; terrain couvert de morts; n morts restent, demeurent sur le terrain.
♦ Nettoyer le terrain. Éliminer l'ennemi. Ils disent que le Boche s'est déchaîné sur Verdun (...) qu'il a cru tout casser, tout briser, tout tuer et s'avancer l'arme à la bretelle sur un terrain nettoyé, qu'il a trouvé à qui parler au lieu des morts qu'il pensait fouler (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 34).
♦ Ratisser le terrain. Le fouiller méthodiquement pour chasser ou capturer les ennemis ou pour rechercher quelqu'un. Ils tendent entre deux postes un rideau de rabatteurs et « ratissent » le terrain, silencieusement (Dorgelès, La Drôle de guerre, 1957ds Rob., s.v. ratisser).
♦ Reconnaître le terrain. Vérifier la présence de l'ennemi, prendre connaissance de ses positions. Quand on va charger, chacun peut se dire: « Cette fois, j'y reste! » Cela dura bien cinq ou six minutes, on racontait que le général Margueritte était allé en avant, pour reconnaître le terrain. On attendait (Zola, Débâcle, 1892, p. 319).
♦ Être/rester maître, avoir la maîtrise du terrain. Avoir repoussé l'ennemi. Les maquisards sont les maîtres du terrain dans les Alpes, l'Ain, la Drôme, l'Ardèche, le Cantal, le Puy-de-Dôme, ce qui ne peut qu'accélérer la progression des généraux Patch et de Lattre (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 316).P. anal. Déjà M. Rezeau regrettait ses cris (...). Il battit en retraite, tels ces généraux vainqueurs qui ne savent exploiter un succès provisoire. Restée maîtresse du terrain, Folcoche eut le soin de ne pas se venger trop vite (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 70).
−
P. anal. ♦ Être en terrain conquis. Ne rencontrer aucune résistance. Cette idéologie n'a pas rencontré en Russie une pensée déjà constituée, alors qu'en France elle a dû lutter et s'équilibrer avec le socialisme libertaire. En Russie, elle était en terrain conquis (Camus, Homme rév., 1951, p. 188).
♦ Se conduire comme en terrain conquis. ,,Considérer que tout est à soi, se conduire brutalement`` (Lexis 1975).
♦ [Dans une course, une compétition] Gagner*, perdre* du terrain.
♦ Disputer le terrain. L'abbé (...), bien appuyé par son frère le notaire, disputait vivement le terrain à la financière, et tentait de réserver le riche héritage à son neveu le président (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 22).