Dans cette page, retrouvez les définitions de:

NIVELER1, verbe trans.

NIVELER1, verbe trans.
I.
A.− Rendre (une surface) plane et horizontale, égaliser. Synon. régaler.Niveler le sol, le pavé d'une rue, le terrain d'une place; niveler une route; pré mal nivelé; topographie nivelée, arasée; (plaine) nivelé(e) par les eaux. Ces travailleurs casqués vont accomplir, en cet endroit, œuvre de justiciers, en restituant leurs pleines formes à ces campagnes, en nivelant ces trous déjà à demi comblés par des chargements d'envahisseurs (Barbusse, Feu,1916, p. 297).Il faut parfois avoir recours à l'excision au bistouri ou à l'écraseur. On cautérise alors la plaie nivelée au fer rouge (Garcin, Guide vétér.,1944, p. 184):
1. ... la neige tomba (...) avec la persistance tranquille du bon ouvrier (...) qui sait bien qu'il a le temps. Elle tomba deux jours et deux nuits sans discontinuer, nivelant les hauteurs, comblant les vallons, aplanissant tout sous son enveloppe friable que rien ne soulevait. Pergaud, De Goupil,1910, p. 60.
[Le compl. d'obj. désigne un inanimé abstr.] Par l'étude, on nivelle les aspérités, les incohérences des registres (Garcia, Art chant,1840, p. 7).
Spécialement
GÉOMORPHOL. [En parlant du phénomène de l'érosion fluviale, maritime...] Éroder, raser. (Dict. xixeet xxes.).
TECHNOL. Niveler la surface (d'un métal). En faire disparaître les aspérités. Cette opération [le brunissage] consiste à écraser les aspérités du métal avec un corps dur, de façon à niveler sa surface et par suite à obtenir un beau poli (Gasnier, Dépôts métall.,1927, p. 256).
Au fig. Égaliser, rendre égal. Niveler les conditions sociales, les fortunes, les rangs; niveler des avantages; niveler les inégalités, les pensées. Rien n'est plus capable de niveler les classes que des angoisses partagées, toutes choses mises en commun, et la mort continuellement affrontée ensemble (Barrès, Fam. spir.,1917, p. 211).
P. métaph. La mort fut toujours juste et toujours nivela; Reconnaissez au moins cette égalité-là! (Hugo, Légende,t. 5, 1877, p. 1040).
Emploi pronom.
Sens passif. Être mis de niveau. Ce terrain ne se nivellera pas facilement (Besch.1845-46).Quiconque a vu (...) les parcs de Versailles, de Saint-Cloud (...) peut se faire une idée du style de Le Nôtre (...). Les arbres sont rangés en échiquiers, ou bien ils se nivellent, ils se dressent en rigides murailles (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 311).
TECHNOL. [À propos des appareils permettant de contrôler la pression du gaz dans une conduite] :
2. L'indicateur doit être placé de niveau, et relié par un tube de diamètre convenable (...), avec la conduite dont on veut enregistrer la pression. Il se nivelle en introduisant de l'eau par un orifice situé sur le plateau supérieur du corps cylindrique (...). Il doit être nivelé au moins une fois par mois. Quéret, Industr. gaz,1923, p. 182.
Sens réfl. S'égaliser, s'effacer. Les terres se nivellent sous les inondations (Besch.1845-46).Il semble que deux voies lactées qui avaient atteint leur état d'équilibre final se sont un jour rencontrées, et n'ont pas encore exercé l'une sur l'autre une action assez prolongée pour que les différences qui les distinguent se soient entièrement nivelées (H. Poincaré, Hyp. cosmogon.,1911, p. l).
Au fig. Les fortunes tendent à se niveler par les partages (Littré) :
3. Si la transformation qui s'opère suit sa pente et ne rencontre aucun obstacle, si la raison populaire continue son développement progressif, si l'éducation des classes intermédiaires ne souffre point d'interruption, les nations se nivelleront dans une égale liberté; si cette transformation est arrêtée, les nations se nivelleront dans un égal despotisme. Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 16.
B.− Baisser le niveau de (quelque chose). Au fig. [Suétone] cherche partout le ridicule, parce que le ridicule nivelle toutes les renommées (Mérimée, Conjur. Catilina,1844, p. 232).Il fallait agir vite. Le temps était trop bref afin d'éduquer le peuple et l'élever jusqu'à la vraie langue turque. Il a fallu niveler, descendre le langage, le mettre coûte que coûte à la portée de tous (Cocteau, Maalesh,1949, p. 155).
Emploi abs. [Chamfort] avait en lui des trésors de rancune. Pourvu qu'on détruisît et qu'on nivelât, tout lui était bon (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 4, 1851, p. 563).
II.− Rare. Exécuter des mesures à l'aide d'un niveau. Niveler un terrain, une allée, une avenue. On a nivelé la rivière depuis tel endroit jusqu'à tel autre pour savoir combien elle a de pente (Ac.).V. nivellement B ex. de Bricka.
REM.
Nivelée, subst. fém.Établissement d'une mesure du niveau du sol à l'aide du niveau à lunette. Une nivelée comprend deux visées, avant et arrière, de longueur égale (Topogr.1980).
Prononc. et Orth. : [nivle], (il) nivelle [nivεl]. Conjug. v. jeter. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1220 « mesurer, estimer » (Gautier de Coinci, éd. V. F. Koenig, I Mir 11, 1438); b) 1339 « rendre horizontal » (Cartulaire de l'Eglise de St Pierre de Lille, t. 2, p. 692); 2. a) 1775 au fig. (Necker, Legisl., II, 140 ds Gohin, p. 372 : afin que les prix puissent être nivelés); b) 1784 (Bezenval, Mémoires, II, p. 156 ds Brunot t. 6, p. 131 : Ils prèchent l'égalité de conditions pour « niveler » tout ce qui s'élève au-dessus d'eux). Dér. de nivel, niveau*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 195.
DÉR. 1.
Nivelage, subst. masc.Action de niveler, de mettre au même niveau une surface (en comblant les creux, les vides). Synon. nivellement.Sur la façade (...) deux rainures profondément entaillées trahissaient l'existence primitive d'un pont-levis réduit à l'état de sinécure par le nivelage du fossé, et donnaient au manoir un aspect assez féodal (Gautier, Fracasse,1863, p. 1).Après le labour, la herse procède au nivelage du sol afin que les graines ensemencées soient recouvertes d'une couche de terre d'épaisseur régulière (Fén.1970). [nivla:ʒ]. 1resattest. 1636 (Monet) 1677, Miege, repris au xixes. (1863, Gautier, loc. cit.); de niveler, suff. -age*.
2.
Nivelette, subst. fém.,technol. Jalon à plaque servant à régler la pente d'une chaussée (entre des points rapprochés) ou à déterminer exactement la situation des rails dans la pose d'une voie (d'apr. Forest. 1946). La mise en saillie des accotements donne lieu à une économie notable de l'entretien. Fossés (...). On rétablit de temps en temps leur profil normal en se guidant au moyen de cordeaux pour les arêtes et de nivelettes pour les pentes (Bourde, Trav. publ.,1929, p. 173). [nivlεt]. 1reattest. 1834 (E. Biot, Manuel du constructeur des chemins de fer, p. 24 ds Quem. DDL t. 25); de niveler à l'aide du suff. -ette*.
BBG. − Quem. DDL t. 11.

NIVELER2, verbe intrans.

NIVELER2, verbe intrans.
Vx. ,,Vétiller, s'amuser à des bagatelles`` (Littré).
REM.
Nivellerie, subst. fém.,vx. (Action de s'occuper de) choses vaines et insignifiantes. J'ai délaissé de même les bibliothèques, les librairies, le théâtre. Baguenaudé à mille nivelleries, rêvassé, perdu mon temps (Amiel, Journal,1866, p. 188).Je m'use aux nivelleries de l'existence, aux allées et venues, aux préparatifs et aux broutilles de ma tâche (Amiel, Journal,1866p. 545).
Prononc. et Orth. : [nivle], (il) nivelle [nivεl]. Conjug. v. jeter. Att. ds Ac. 1694. Étymol. et Hist. 1633 « hésiter » (Cramail, Comédie des Proverbes ds Anc. théâtre fr. t. 9, p. 38), bien att. dans les parlers région. avec les nuances de « travailler sans courage », « perdre son temps à des riens », « lambiner », v. FEW t. 5, p. 295. Mot dont l'orig. est mal élucidée. FEW, loc. cit., rattache ce mot à la famille de niveau, niveler en considérant que l'activité du géomètre peut paraître futile à l'observateur. D'autres hyp. ont été proposées : G. Paris (Romania t. 31, p. 172) le rattache au nom de Jean de Nivelle, nom du jacquemart de l'horloge de Nivelle, devenu pop. et désignant proverbialement dans des chansons un personnage qui, comme Cadet-Rousselle « possède toutes sortes d'objets rendus impropres à tout usage par quelque tare plaisante » (la 1reattest. d'une chanson sur Jean de Nivelle daterait de 1449 d'apr. O. Colson, Le Cycle de Jean de Nivelle ds Wallonia, t. 8, 1900, p. 110; att. ca 1500, voir E. Fournier, Le Théâtre fr. av. la Renaissance, p. 210); Barb. (Misc. t. 29, p. 439 à 441) rattache niveler à l'adj. nivot « sot, stupide » (ca 1330, ibid.) et propose d'y voir des dér. de nid* (a. fr. nif) avec passage sém. de « celui qui est encore au nid » à « celui qui n'a pas d'expérience » (cf. niais) d'où « celui qui travaille lentement, qui lambine, qui perd son temps », cf. niger « agir en niais, perdre son temps, faire des riens, ne pas avancer à la besogne » et nijoter « paresser, faire de petites choses avec trop de soin » ds FEW t. 7, p. 118.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·