a) [Le suj. désigne un animé ou un inanimé concr.] Devenir d'une immobilité absolue. Se figer dans une attitude respectueuse, au garde-à-vous. Synon. s'immobiliser, se pétrifier.Beethoven ne posait pas volontiers; il était impatient, ou il se figeait; et les peintres manquaient de génie, pour dérober le feu rentré sous l'écorce (Rolland, Beeth.,t. 1, 1937, p. 221).Cf. consommer ex. 4 :
2. Les cimes des épinettes et des cyprès, oubliées par le vent, se figèrent dans une immobilité perpétuelle; au-dessus de leur ligne sombre s'étendit un ciel auquel l'absence de nuages donnait une apparence immobile aussi...
Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 66.
♦ En partic. [Le suj. désigne une pers.] Être brusquement paralysé par l'émotion, la surprise. Se figer sur place. Synon. se pétrifier.Tout à coup, ils se figèrent... − Mon enfant! Mon enfant... pleurait la mère (La Varende, Pays d'Ouche,1934, p. 164).D'abord, c'est une vraie stupeur! Elle se fige! transie qu'elle demeure (Céline, Mort à crédit,1936, p. 48).
− P. ext. [Le suj. désigne l'aspect phys. d'une pers., son comportement] Devenir impénétrable, perdre toute expression. Synon. se glacer.Son sourire, sans disparaître tout à fait, se figea, se dépouilla de sens (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 301).Souvent, en plein banquet, en pleine cérémonie, je vois ton visage qui fige, tes lèvres qui remuent sans paroles (Giraudoux, Électre,1937, II, 7, p. 185).
b) [Le suj. désigne une pers., un animé abstr.] Se fixer dans un état ou une forme donnée, cesser d'évoluer (affectivement, intellectuellement, spirituellement). Se figer dans une discipline. Synon. se scléroser.Ne nous figeons pas; tenons nos esprits vivants et fluides (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 7, 1863-69, p. 50).Lorsque la foi cesse d'être amour, elle se fige en une croyance objective à une puissance plus ou moins physiquement conçue (Marcel, Journal,1914, p. 58):3. Ce moment de la pleine jeunesse est, d'ailleurs, celui où les hommes sont le plus impatients de tout frein et le plus avides de changement. La vie qui circule en eux n'a pas encore eu le temps de se figer, de prendre définitivement des formes déterminées, et elle est trop intense pour se laisser discipliner sans résistance.
Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 280.