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CHAMARRE, subst. fém.

CHAMARRE, subst. fém.
A.− HIST. DU VÊT. Casaque longue portée aux xveet xviesiècles, confectionnée avec des bandes de deux tissus alternés et garnie de galons aux coutures.
Rem. Attesté ds Lar. 19e, Lar. Lang. fr., Littré, Guérin, 1892, Quillet 1965.
B.− Passementerie ou autre ornement destiné à enrichir un tissu, un vêtement. Chamarres militaires. Entre la double haie des gardes, se mouvait une masse éclatante de chamarres, de gens galonnés (Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 4).
P. métaph. Tout le ciel n'était plus qu'une large chamarre (E. Rostand, Les Musardises,1890, p. 153).
Rem. On rencontre ds la docum. le néol. chamarreuse, subst. fém. Ouvrière dans la confection. L'essaim des brodeuses, des chamarreuses, des lingères, des modistes (Reybaud, Jérôme Paturot, 1842, p. 15).
Prononc. : [ʃama:ʀ]. Étymol. et Hist. 1447 samarre « ample et long vêtement ouvert et doublé de fourrure » (Contes du roi René, éd. A. Lecoy de la Marche, p. 229 : deux samarres [...] à la faczon d'Espaigne); 1490 chamarre (9eCpte roy. de P. Briconnet, fo48 ds Gay). Empr. à l'esp. zamarra « vêtement de berger fait de peau de mouton », attesté dep. ca 1330 (J. Ruiz d'apr. Cor.), lui-même prob. empr. au basque zammar(ra) « id. », également « toison des moutons » ou à son corresp. ibérique (Cor.; EWFS2; cf. Rohlfs ds Z. rom. Philol., t. 47, pp. 407-408; F. Krüger ds Volkstum und Kultur der Romanen, t. 8, pp. 6-8). Un empr. de l'esp. à l'ar. sammur (REW3, no7563a; FEW t. 19, pp. 151-153; Bl.-W.5) ou au turc samur « zibeline » (Lok., no1820) fait difficulté du point de vue phonét., une assimilation du -ū- au a initial étant difficile à admettre, et du point de vue sém., les plus anc. formes romanes ayant le sens « vêtement de berger » (cf., outre l'esp., le cat. samarra dep. 1366 ds Alc.-Moll et le prov. samarra dep. 1240-50 ds Levy Prov.). Bbg. Quem. 2es., t. 2, 1971. − Sain. Sources t. 2, 1972 [1925], p. 224; t. 3, 1972 [1930], p. 166, 542. − Wind 1928, p. 71, 203.

CHAMARRER, verbe trans.

CHAMARRER, verbe trans.
[Le suj. désigne une pers., ou un inanimé, le verbe est souvent au passif]
A.− HABILLEMENT
1. Rehausser une étoffe ou un vêtement d'ornements somptueux. Gilet de velours chamarré d'or; robes chamarrées de passementeries. Les passementiers religieux peuvent chamarrer d'argent et d'or leurs moires et leurs soies (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 220).
Rem. On rencontre, avec valeur intrans. passive la forme pronom. se chamarrer. Les arabesques de diamant qui se chamarraient sur nos poitrines (Flaubert, La Tentation de st Antoine, 1849, p. 385).
P. anal. Le docteur (...) expliqua à Lucien les armes qui chamarraient cette reliure magnifique (Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 190):
1. Alors on apporte la corbeille, et le couple païen y plante le chou (...) on chamarre le tout de rubans et de banderoles, ... G. Sand, La Mare au diable,1846, p. 213.
2. Péj. Couvrir d'ornements criards, disparates ou de mauvais goût. Livrées voyantes chamarrées de dorures (A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 107).
Se chamarrer de.Se vêtir de façon voyante ou ridicule. Notre postillon (...) s'était chamarré de rubans printaniers qui flottaient ridiculement sur toute sa personne (O. Feuillet, Scènes et proverbes,1851, p. 320).
En partic. Couvrir de décorations, de médailles. Hernani se laissera pensionner, doter, chamarrer par Charles V (Balzac, Œuvres diverses,t. 1, 1850, p. 384).
P. ext. Barbouiller de figures disparates. Passeports chamarrés (T. Gautier, Tra los montes,Voyage en Espagne, 1843, p. 19):
2. Pétrarque écrivait ses memento sur une veste en cuir qu'il portait d'habitude; les bords et les manches étaient tout chamarrés de notes. Sainte-Beuve, Port-Royal,Paris, Hachette, t. 4, 1912 [1859], p. 599.
B.− Au fig. et littér. Agrémenter, parsemer. Récits tout chamarrés d'anecdotes (E. de Guérin, Lettres,1841, p. 409).[Des chalets] chamarrés de vignes et de chèvrefeuilles (G. Sand, Mademoiselle Merquem,1868, p. 9).
Péj., vx. ,,Chamarrer quelqu'un de ridicules.`` (Ac. 1798-1878). ,,Le changer, le couvrir de ridicules`` (Ac. 1798-1878).
Prononc. et Orth. : [ʃamaʀe], (je) chamarre [ʃama:ʀ]. Mart. Comment prononce 1913, p. 34 : ,,L'a s'est ouvert [devenu ant.] dans bigarré, amarrer, chamarré, narrer``. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841 note une durée longue pour la 2esyll. Gattel recommande de prononcer r forte. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [1530 sans réf. d'apr. FEW t. 19, p. 151; ne semble pas attesté ds Palsgr.]; 1557 « garnir de passements » (Du Verdier, Div. leçons, 224, éd. 1610 d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 301). Dér. de chamarre*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 15.
DÉR.
Chamarrage, subst. masc.Action de chamarrer; assemblage de couleurs ou d'ornements sur un tissu ou un vêtement. Synon. bigarrure.Les chamarrages fous des Chinois, ressortaient luisants, vigoureux, et égratignaient l'œil (Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 314).Attesté ds Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, Quillet 1965. Seule transcr. ds Littré : cha-ma-ra-j'. 1reattest. 1828 (Raymond, Le Maçon, 1, 102 ds Quem.); de chamarrer, suff. -age*.
BBG. − Darm. 1877, p. 82. − Sain. Sources t. 1, 1972 [1925], p. 199.

CHAMARRÉ, ÉE, part. passé et adj.

CHAMARRÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de chamarrer*.
II.− Emploi adj.
A.− HABILLEMENT
1. [En parlant d'un inanimé] Rehaussé d'ornements somptueux. Manteaux chamarrés, robes chamarrées.
P. méton. et souvent péj. [En parlant d'une pers.] Vêtu d'un habit surchargé d'ornements. Académicien chamarré, laquais chamarré. La Vierge (...), toute chamarrée d'une robe de satin blanc (Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 362).Les deux grandes figures décoratives, les deux traîtres chamarrés, Fouché et Talleyrand (Colette, La Jumelle noire,1938, p. 37).
2. En partic. Couvert de décorations :
La comtesse était sans connaissance (...). On l'emporte, elle revient à elle; mais la raison est partie. On la mène à Saint-Pétersbourg. Grande consultation, quatre médecins chamarrés de tous les ordres. Mérimée, Dernières nouvelles,1870, p. 95.
P. métaph. L'angoisse de la ville qui mourait chamarrée de gloire révolutionnaire, mais n'en mourait pas moins (Malraux, La Condition humaine,1933, p. 288).
B.− P. anal. [En parlant d'un inanimé] Qui a des couleurs variées. Synon. bigarré.Des oiseaux au plumage chamarré (G. Fontaine, La Céram. fr.,1965, p. 72).
PEINT. Fonds mouchetés ou chamarrés (B. Dorival, Les Peintres du XXes.,1957, p. 19).
P. métaph. Mêlé, composé d'éléments disparates. Le revoilà tout chamarré de royalisme et de catholicisme (Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe,1860, p. 286).La vie est chamarrée de désagréments (Villiers de L'Isle-Adam, Correspondance,1866, p. 91).
Fréq. abs. littér. : 112.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·