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BATTRE1, verbe.

BATTRE1, verbe.
[L'idée dominante est celle de coups donnés]
I.− Emploi trans.
A.− Emploi imperfectif. Frapper de coups répétés
1. [Le suj. est un animé]
a) [Le compl. d'obj. est un animé ou une partie d'animé] Battre un enfant, un animal; battre qqn jusqu'au sang. Il avait envie de la battre, de l'étrangler, de lui arracher les cheveux! (Maupassant, Bel-Ami,1885, p. 245).Il y a des hommes qui, comme la femme de Sganarelle, aiment à être battus (O. Feuillet, L'Histoire d'une Parisienne,1881, p. 142):
1. Jeanne pour moi seul est tendre, Dit-il; laissons-la m'attendre, Mais, maudissant son époux, Jeanne, la puce à l'oreille, Bat sa chatte que réveille La tendresse des matous. Béranger, Chansons,t. 2, L'Ivrogne et sa femme, 1829, p. 31.
2. Afin d'endurcir leur courage, les enfants étaient soumis à de dures épreuves; les Maricopa pinçaient et battaient les garçons, ou bien les jetaient dans des fourmilières ou des nids d'abeilles. R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 274.
Loc. fig. (Se) battre les flancs*. Battre les oreilles*. Synon. plus usuel rebattre les oreilles.Avoir l'air d'un chien* battu. S'en battre l'œil (pop.). Être tout à fait indifférent à quelque chose. Sa tranquillité d'abord; le reste, elle s'en battait l'œil. Ses dettes, toujours croissantes pourtant, ne la tourmentaient plus (Zola, L'Assommoir,1877, p. 644).
b) [Le compl. d'obj. est un inanimé (avec l'idée d'un instrument qui frappe)]
[Inanimé naturel]
AGRIC. Battre le blé (avec un fléau) ou, absol., battre. Séparer le grain de l'épi. Aujourd'hui une machine à vapeur bat et vanne à la fois le blé (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 146):
3. Les blés étaient si rares que, dans ce temps de moisson, à mesure que les gerbes rentraient, on les battait tout de suite. Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 161.
4. − Regardez-moi dans quel état ils sont, tous les deux. La petite a sa chemise trempée! Mais est-ce qu'on devrait battre par des chaleurs pareilles? Aymé, La Jument verte,1933, p. 177.
CHASSE. Battre les buissons. Les frapper (avec un bâton) pour en faire sortir le gibier.
ART MILIT. Battre un terrain (de coups de projectiles) :
5. − Attention, pour y aller, il faut traverser au plus vite une zone que bat une mitrailleuse ennemie. Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux,1916, p. 63.
[Inanimé fabriqué]
Battre le tambour, la grosse caisse. Faire résonner le tambour, la grosse caisse en frappant avec les baguettes.
ÉCON. DOMESTIQUE. Battre le briquet* (avec une pierre à fusil). Battre un tapis (avec une tapette). En chasser la poussière. Battre la pâte*.
TECHNOL. Battre l'enclume. Battre le fer (avec un marteau). Le travailleur sur l'enclume, le forger. Loc. fig. Battre le fer quand il est chaud. Agir au moment opportun :
6. ... vous vous arrêtez court, vous vous croisez les bras, vous renoncez à continuer le succès, vous attendez l'écoulement infaillible, mais lent, de cette queue à si haut prix! Vous avez devant vous le proverbe : battre le fer quand il est chaud, et vous laissez refroidir! Hugo, Correspondance,1862, p. 418.
c) [Avec l'expression du résultat]
[La visée ou le résultat sont exprimés par un compl. circ.] ART MILIT.
Battre (un mur, une enceinte fortifiée, etc.) en brèche. Attaquer avec l'artillerie ou un bélier pour ouvrir une brèche. Au fig. Ruiner, détruire :
7. ... il se demandait si, après tout, Aurore ne se marierait pas quelque matin. Cette conclusion vint battre en brèche tous les projets résultant de la logique de son amour, ... Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 261.
8. En outre, bien qu'il n'en parlât pas, il comptait que la foule des petits pays battrait en brèche les positions des puissances « colonialistes » et assurerait aux États-Unis une vaste clientèle politique et économique. De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 199.
Vx. Battre en ruine. Même sens :
9. ... je dis encore que cette opinion ... serviroit elle-même à battre en ruine le système des intérêts révolutionnaires. Chateaubriand, Mél. pol.,1816-24, p. 159.
Battre (le tambour pour donner le signal de la marche) en retraite. Se replier :
10. ... « des canons! Amenez des canons! » Et puis tout à coup, les Bretons qui reculent, en laissant leurs morts et leurs blessés, sur le pont! Comment nous tirer de là? Comment battre en retraite sous la fusillade des remparts? Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 34.
P. anal., MAR. Battre en arrière. Faire machine arrière.
[La visée ou le résultat sont exprimés par un compl. d'obj.]
RELIG. Battre (la poitrine pour manifester) sa coulpe*.
FIN. Battre (le métal de manière à en faire de la) monnaie*.
ART MILIT. Battre (le tambour de manière à donner l'ordre de) la charge. Tout à coup le tambour battit la charge (Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 490).Battre la breloque*. Donner le signal de rompre les rangs. P. métaph. [En parlant des battements du cœur] Palpiter d'une manière irrégulière, fonctionner mal. Battre la chamade. Donner le signal de la reddition. P. métaph. [En parlant des battements du cœur] Palpiter d'une manière désordonnée, à grands coups violents et irréguliers. Battre le rappel :
11. Il était midi, j'entendais battre le rappel à la caserne d'infanterie pour aller à la soupe. Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 140.
P. anal., arg. Battre la dèche. Être dans la misère. Je battais la dèche treize mois sur douze (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, L'Homme-fille, 1883, p. 613).
d) Usuel. Battre (le sol avec) la semelle (de manière à réchauffer le pied) :
12. ... Je pense à tous ces gens que je ne connais pas, qui me ressemblent − et il y en a, la terre est grande! − les mendiants qui battent la semelle sous la pluie, les gosses perdus, les malades, les fous des asiles qui gueulent à la lune, et tant! Je me glisse parmi eux, je tâche de me faire petite, ... Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1252.
2. [Le suj. est un inanimé] Heurter de coups répétés. La pluie bat la fenêtre; la mer bat la côte. Le vent s'est élevé, les flots battent les deux flancs de la galère (Chateaubriand, Les Martyrs,t. 3, 1810, p. 37):
13. Le concert, c'est la pluie qui bat ma vitre, et tant de regrets qui me battent l'âme. E. de Guérin, Journal,1840, p. 369.
14. Ses cheveux gris étaient à demi défaits; des mèches lui battaient la figure; ... Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes,1913, p. 247.
15. Oui, je t'ai permis quelquefois de lutter dans l'ombre contre moi, avec ton armure, ton casque, et ton épée qui battait nos flancs, ... Giraudoux, Judith,1931, I, 5, p. 61.
Expr. brachylogique, MAR. La mer bat (la côte en ayant atteint) son plein. Par temps doux avec brise légère du sud ou du sud-ouest, la croule bat son plein (F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois,1945, p. 65).Au fig., cour. Battre son plein. Être à son comble, à son point culminant. La fête bat son plein :
16. C'était l'époque où battait son plein la querelle des transformistes et des fixistes. Ch. Combaluzier, Introd. à la géol.,1961, p. 66.
B.− Emploi perfectif Atteindre par des coups répétés de manière à anéantir quelqu'un ou quelque chose. Synon. plus expressif abattre.
a) Battre qqn.Battre l'adversaire, l'ennemi. Chercher les armées ennemies, centre de la puissance adverse, pour les battre et les détruire (Foch, Des Principes de la guerre,1911, p. 41).
Factitif. Se faire battre par qqn.
Fam. [P. allus. aux coutures que l'on aplatit en frappant avec le dé] Battre qqn à plate couture.
P. ext. [L'idée dominante n'étant plus celle de violence mais celle de compétition] :
17. Mais suppose que l'Allemagne vaincue, tout recommence comme avant : on établit un régime démocratique mais les trusts dépensent assez d'argent pour nous faire battre aux élections ... Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 99.
[Compétition sportive] Battre qqn à la course :
18. ... je lancerai un défi à Lacordaire, et je le battrai aux échecs. Il déteste perdre. Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 353.
b) Au fig. Battre qqc.
Expr. brachylogique. Battre (qqn qui détient) un record. Battre tous les records; battre le record de :
19. Nous en étions arrivés à consulter davantage les baromètres, les thermomètres, comme si nous faisions quelque ascension et tentions de battre un record d'altitude. Giraudoux, Bella,1926, p. 175.
JEUX. Battre atout*, les atouts. Faire tomber les atouts.
II.− Emploi abs. ou intrans.
A.− Être agité de mouvements répétés :
20. Un père, à rudes moustaches grises, regardait courir devant lui un bel enfant ... au cou duquel battait un collier d'ambre. E. et J. de Goncourt, Manette Salomon,1867, p. 2.
Battre contre.Heurter :
21. ... la selle était vide, et les étriers battaient contre les flancs déchirés du coursier. Sandeau, Mlle de la Seiglière,1848, p. 329.
B.− Produire un son, claquer sous l'impulsion d'un mouvement. Il entend la mer battre au pied de Log-Onâ, / Et la nue en pleurant passer sur Comanâ (Brizeux, Marie, Le Barde, 1840, p. 16):
22. la courtisane. − Mais, Lampito, quelqu'un frappe à la porte. lampito. − Non, maîtresse, c'est l'auvent qui bat contre le mur. Flaubert, La Tentation de st Antoine,1849, p. 378.
Emploi factitif :
23. Si le vent fait battre le portail, je crois que tu reviens. Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 166.
C.− Être animé de battements. Le cœur, le pouls bat; les artères, les tempes, les veines battent. Christophe entendait battre ses artères, comme une mer intérieure (R. Rolland, Jean-Christophe,La Foire sur la place, 1908, p. 668):
24. Rien, plus rien, le bruit du vent haut. Pourtant, il y avait quelqu'un assis sur la branche du figuier, ça ne faisait pas de doute. Un long moment où j'entends battre le sang dans mes poignets, puis, la tache blanche reparaît; ... Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 165.
[En emploi expr., accompagné du pron. pers. lui] :
25. ... le sang lui battait aux tempes et ses entrailles se serraient. Green, Moïra,1950, p. 221.
P. compar. :
26. Presque au-dessus de sa tête, l'horloge bat à petits coups, comme un cœur. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 298.
En partic. Le cœur bat. Le cœur est animé de battements violents et irréguliers provoqués par une émotion.
SYNT. S'arrêter, cesser de battre; battre à l'unisson, de joie; battre fort, vite, faiblement, violemment, régulièrement; battre à coups réguliers, à grands coups, à se rompre.
D.− Spéc. Battre du tambour. Faire résonner le tambour. Le tambour bat. Le tambour retentit. Aller tambour battant*.
III.− Emploi pronom.
A.− Réfléchi. Se battre.Combattre :
27. Dans les maquis du Vercors et d'Auvergne ou sur la terre d'Afrique, des Français se battaient contre l'ennemi. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 311.
SYNT. Se battre à l'épée, se battre en duel; se battre comme un lion; se battre à coups de ...
Au fig. :
28. Je me bats contre un plan qui ne vaut rien. Il faut en revenir à faire de mon ouvrage un ouvrage de pur raisonnement et qui n'ait rien d'historique. Constant, Journaux intimes,1805, p. 187.
29. La vie [de Valois] continuait à se battre dans ce corps foudroyé. Druon, La Louve de France,1959, p. 229.
B.− Réciproque. Échanger des coups.
P. ext. Se disputer :
30. M. de Crac est mort, et ses héritiers ou du moins ceux qui se croient des droits à sa succession, se querellent, se battent, à tel point que pour les calmer on les fait descendre dans un puits d'où on les remonte un à un. L. Schneider, Les Maîtres de l'opérette fr.,Lecocq, 1924, p. 156.
P. métaph. :
31. Un peigne à la main, il [Wilfred] remit de l'ordre dans les mèches qui se battaient sur son front et s'observa d'un air hostile. Green, Chaque homme dans sa nuit,1960, p. 151.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [batʀ], (je) bats [ba]. Enq. : /ba/ (il) bat. 2. Forme graph. − Fér. Crit. t. 1 1787 admet une var. batre. Dans les mots de la famille battre, le t est simple ou double dans les conditions suiv. : ,,en dehors des mots dont le t est final comme abat, les seuls mots de la famille de battre qui ne prennent qu'un t sont : bataille et ses dérivés, combatif, combativité, courbature et ses dérivés. Les autres mots de cette famille prennent deux t : abattre, battage, combattant, rabatteur et même, actuellement, abattage et abattis`` (Ortho-vert 1966).

BATTRE2, verbe.

BATTRE2, verbe.
[L'idée dominante est celle d'un mouvement répété ou prolongé]
A.− [Avec une idée d'agitation]
1. Emploi trans.
a) Mettre en mouvement à l'aide de quelque chose qui tourne ou s'agite.
CHASSE. Battre l'eau. ,,Lorsque le cerf ou le chevreuil fatigué va dans l'eau pour se rafraîchir et ruser ... l'animal bat l'eau`` (Baudr. Chasses 1834). PÊCHE. Battre l'eau (avec un bâton). Frapper l'eau pour effrayer le poisson et le pousser dans les filets.
Au fig. Battre l'air. Faire des mouvements rapides et désordonnés :
1. Là-dedans, Coupeau dansait et gueulait. Un vrai chienlit de la courtille, avec sa blouse en lambeaux et ses membres qui battaient l'air; ... Zola, L'Assommoir,1877, p. 782.
b) [Avec une idée de transformation] Battre les œufs* (en neige, en omelette), battre la crème*.
JEUX. Battre les cartes*. Les mêler par des mouvements répétés de la main.
c) P. méton. ou p. brachylogie. [Le compl. désigne non la matière ou l'objet mais le résultat visé]
ÉCON. DOMESTIQUE. Battre (les œufs, la crème de manière à obtenir) l'omelette*, le beurre*.
MUS. Battre (l'air de manière à indiquer) la mesure*, le rythme*. CHORÉGR. Battre (la mesure de manière à rythmer) un entrechat* :
2. Il battit un entrechat, fit les castagnettes avec ses doigts, ... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Serre, 1883, p. 678.
d) Emploi factitif et ell., MAR. Battre pavillon* (britannique, français etc.).
Rem. Dans cette tournure, pavillon est à la fois objet (le navire arbore le pavillon) et sujet (le pavillon bat au vent).
2. Emploi abs. Produire, effectuer des mouvements vifs et répétés avec quelque chose. Battre des cils, du pied :
3. Je l'ai laissée [la truite] gigoter et battre de la queue jusqu'à ce qu'elle soit morte. Renard, Journal,1894, p. 243.
4. En quoi consiste sa danse? Elle bat des talons, éperdument, avançant à peine, presque immobile, ... Montherlant, La Petite Infante de Castille,1929, p. 654.
5. Je l'ai vue au bord de la rivière, Iphigénie aux cils battants. Elle était claire, claire, claire, Elle battait des paupières Comme je fais quand je mens. Montherlant, Encore un instant de bonheur,1934, p. 717.
Battre des mains. Frapper une main contre l'autre pour applaudir.
P. métaph. :
6. L'abolition de la peine de mort, cette haute leçon donnée par une république née hier aux vieilles monarchies séculaires, est un fait sublime. Je bats des mains et j'applaudis du fond du cœur. Hugo, Correspondance,1848, p. 635.
[En parlant d'un oiseau]
Battre des ailes. Remuer vivement les deux ailes :
7. La baignoire que j'ai donnée à mon oiseau est beaucoup trop étroite; il y peut tout juste entrer, mais une fois qu'il est là-dedans, il ne peut plus s'ébrouer et battre des ailes; ... Gide, Journal,1914, p. 426.
Battre de l'aile. Ne remuer qu'une seule aile avec des mouvements vifs et désordonnés. P. métaph. Être mal en point, perdre sa vigueur :
8. Est-ce que l'on ne peut pas entendre, quand on tend une fine oreille, tous les soupirs de la vie qui s'en va, de l'argent qui s'évanouit, de la pensée qui bat de l'aile et s'épuise. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 134.
Battre froid à qqn. Lui manifester de la froideur :
9. L'ambassadeur disgracié, le chef de bureau mis à la retraite, le mondain à qui on bat froid, l'amoureux éconduit examinent, parfois pendant des mois, l'événement qui a brisé leurs espérances; ils le tournent et le retournent comme un projectile tiré on ne sait d'où ni on ne sait par qui, presque un aérolithe. Proust, La Prisonnière,1922, p. 318.
B.− [Avec une idée de déplacement] Parcourir.
Battre la contrée, la campagne, les champs, les bois, les buissons. Les parcourir pour chasser. Le chien bat les buissons; il va, vient, sent, arrête, Et voilà le chevreuil (Florian, Fables,Le Vacher et le garde-chasse, 1792, p. 52).P. ext. Battre la contrée, la campagne, les champs, les bois, les buissons. Les explorer à la recherche d'une chose précise. Au fig. Battre la campagne. Divaguer.
Battre le pavé. Au fig., fam. Arpenter la rue sans but.
Loc. Chemin(s), sentier(s) battu(s).
PRONONC. ET ORTH. − Cf. battre1.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Mil. xies. « frapper qqc. à coups répétés » (Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 85d dans T.-L. : Batant ses palmes, cridant, eschevelede); d'où emploi techn. a) ca 1100 a or batue (Roland, éd. Bédier, 1331); ca 1190 mounoie batue (A. de Bernay, Alexandre, éd. H. Michelant, 253, 16 dans T.-L.); 2emoitié du xiiies. batre le fer (Rutebeuf, Œuvres, éd. A. Jubinal, I, 399, ibid.); b) apr. 1260 batre le blé (Ph. de Novare, Quatre Ages, éd. M. de Fréville, 74, ibid.); c) 1160 vén. batre les buissons (Enéas, éd. Salverda de Grave, 6903, ibid.); 2. 1165-70 « frapper qqn à coups répétés dans une intention hostile » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 4392, ibid. : Et corgiees andui tenoient, De quoi si vilmant le batoient Que ja li avoient del dos La char ronpue jusqu'as os); d'où 1606 se battre « lutter » (Nicot); p. ext. 1606 battre qqn « infliger une défaite à qqn » (Ibid.); 3. ca 1165-70 « (d'une chose) heurter à coups répétés » (B. de Ste Maure, Troie, éd. L. Constans, 2481 dans T.-L. : Ot ... en sa lance grant enseigne; Les lengues l'en batent as poinz); 4. ca 1165 « (d'une chose) produire, éprouver des mouvements répétés, ici en parlant du cœur » (M. de France, Guigemar, éd. K. Warnke, 301, ibid. : le quer ... Qui suz les costes li bateit). Empr. au lat. battĕre forme pop. (dep. iies., Fronton dans Naber, t. 7, p. 55 dans TLL s.v., 1789, 47; fréq. ensuite, ibid., 1789, 13); de battuĕre, dep. Plaute, Casina, 496, ibid., 1789, 27, au sens de « frapper le visage de qqn » d'où 1 et 2; verbe peu fréq. jusqu'au vies., seulement techn.; 1 a, viie-viiies. (Compositiones Lucenses ad tingenda musiva, I, 14 dans Mittellat. W. s.v., 1395, 68); b mil. ives, (Donati Comment. Terenti in Eunuch., 381 dans TLL s.v., 1789. 20); 4 n'est pas attesté en lat.; s'est développé à partir de 3.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 8 903. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 740, b) 16 305; xxes. : a) 16 079, b) 12 001.
BBG. − Darm. Vie 1932, p. 111. − Duch. 1967, § 15. − Génolhac (P.). Encore battre à Niort. Vie Lang. 1956, pp. 168-171. − Gir. t. 2 Rem. 1834, pp. 102-103. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Goug. Lang. pop. 1929, p. 42, 186. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. argotiques. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, no1, p. 64, 74. − Lyer (S.). Part. prés. actif avec le sens passif. Archivum romanicum. 1932, t. 16, p. 302. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 145. − Sain. Lang. par. 1920, pp. 250-251. − Tourmeville (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1953, p. 248. − Wexler (P. J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, 1970, p. 212.

BATTU, UE, part. passé et adj.

BATTU, UE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de battre.
II.− Adjectif
A.− [En parlant d'une pers. ou d'un animal]
1. Qui a reçu des coups.
Emploi subst. :
1. Le chef gifla l'une des femmes, donna un coup de pied au derrière de l'autre, habituelle façon d'accentuer ses ordres ... Et les battues l'acceptèrent ainsi ... [en enfants] qui ont besoin de taloches. J. Richepin, Truandailles,1891, p. 19.
Au fig. Qui a l'aspect de quelqu'un qu'on aurait frappé; qui est fatigué et abattu à la fois. Air battu, yeux battus, mine battue :
2. Les cheveux collés au front, comme dans l'agonie, rendaient plus mince son visage d'enfant battu. Mauriac, Le Baiser au Lépreux,1922, p. 171.
Loc. Avoir l'air d'un chien battu; avoir des yeux de chien battu.
2. Vaincu, perdant dans un combat, un jeu, une querelle d'idées, etc. S'avouer battu, ne pas se tenir pour battu :
3. − Ce pauvre général, il a encore été battu aux élections dit la princesse de Parme pour changer de conversation. Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 512.
B.− [En parlant d'une chose] Qui a subi des chocs, une pression ou un mouvement répété. Fer, or battu; terre battue :
4. J'attendis un long moment, je humai la brève fraîcheur nocturne, l'odeur de blé battu qui s'attache au grenier, et je redescendis. Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 255.
Au fig. Chemin, sentier battu :
5. Convaincu d'abord que, pour sortir de la route battue des opinions et des systèmes, il fallait porter dans l'étude de l'homme et de la société des habitudes scientifiques et une méthode rigoureuse, je consacrai une année à la philologie et à la grammaire; ... Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 119.
Spéc., CHORÉGR. Pas, saut battu; un jeté-battu :
6. ... prenons encore comme exemple un terme que l'on emploie volontiers en souriant et sans en connaître le sens, un jeté-battu : le jeté, saut d'une jambe sur l'autre (qui peut être d'ailleurs fait dessus ou dessous, à droite ou à gauche), est battu quand il est contrarié par un battement, par un choc des mollets en l'air. Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 4412.
PRONONC. ET ORTH. : [baty]. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit battu ou batu, ûe.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 620. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 895, b) 4 771; xxes. : a) 4 466, b) 3 424.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, passim.

BATTUE, subst. fém.

BATTUE, subst. fém.
A.− VÉN. Partie de chasse pratiquée par des rabatteurs qui battent les buissons et des tireurs qui attendent la fuite du gibier ainsi traqué. Battue marchante; battue en plaine, sous bois :
1. La chasse est la passion des Tarasconnais, et cela depuis les temps mythologiques où la tarasque faisait les cent coups dans les marais de la ville et où les Tarasconnais d'alors organisaient des battues contre elle. A. Daudet, Tartarin de Tarascon,1872, p. 5.
2. Tout le monde s'arme. On allume des torches, on les secoue à bout de bras vers le carnassier. On crie, et, à la lueur incandescente des torches, les chiens en hurlant cherchent à coiffer l'animal. Il se retire, il balaie à droite et à gauche les plus audacieux. Alors on organise une battue pour le lendemain. On le traque, on le fusille par feux de salves. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 238.
P. ext. Recherche minutieuse faite pour découvrir des ennemis ou des malfaiteurs :
3. ... il [Roederer] applaudissait, non sans l'avertir, et aurait bien voulu discipliner cette jeunesse muscadine, redevenue sitôt frivole, qui faisait la battue aux Jacobins... Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 8, 1851-62, p. 351.
P. méton. :
4. Ils [les voleurs] avaient été vus, pourtant, en pays découvert où les encerclait la battue. On fouilla pouce par pouce la métairie et le château des Chapioux : rien, rien. Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 120.
B.− ÉQUIT. Bruit que produit le pied du cheval.
PRONONC. : [baty].
ÉTYMOL. ET HIST. − xve-xvies. « action de battre, de fouiller » (Auton, Chron., B.N. 5082, fo57 vodans Gdf. Compl. : Sans cesser batue d'artillerye); 1690 vén. (Fur.). Part. passé fém. substantivé de battre*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 87.
BBG. − Darm. Vie 1932, p. 97.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·